Les
marchés du Cambodge sont les centres nerveux des villes. Chaque
agglomération, chaque bourg a son marché. A Phnom Penh,
j'en ai compté plus de douze, chacun ayant sa spécificité,
et d'autres, plus petits. Le marché central composé d'une
multitude de stands tout autour d'un batiment hexagonal en dur, est
l'un des plus fréquentés par les cambodgiens, mais aussi
par les touristes, les étrangers résidents. Les mendiants
y sont d'ailleurs présents, proportionnels en nombre, aux dollars
qui y circulent. A l'origine, le marché devait se tenir dans
le batiment,une sorte d'hexagone d'un jaune délavé,au
toit en dôme,mais rapidement d'autres commercants sont venus s’implanter
tout autour en s’agrippant à la construction, et aujourd'hui,
il y a autant de commerces dehors que dedans, d’autant que ceux de l’intérieur
se sont spécialisés en bijouterie et vêtements.
Aujourd'hui, sur le pourtour, on trouve tout le reste.
Comme
toujours, les commerces sont regroupés par corporations, et toute
la vaisselle est dans le même secteur; un peu plus loin, les accessoires
en plastique, les seaux, les bassines, les cuvettes, les pots, les égouttoirs,
les cintres. Si on continue dans les allées entre les stands,
on découvre des épices dans des petits sacs transparents
ou dans des corbeilles en osier tressé. Plus loin les vêtements,
des chaussures. Comme dans tous les marchés du Cambodge, les
marchandises sont empilées en un équilibre précaire,
et la vendeuse, pieds nus, se faufile entre les piles d’assiettes pour
attraper un petit bol ou un paquet de cuillères à riz.
Elle va faire des exploits pour tenter de satisfaire un client tout
hypothétique, car celui la même qui vient de lui demander
ce vok, déjà tourne le dos en apercevant plus loin ce
qu’il cherche ou peut être même tout autre chose. Ici aussi,
le client est roi, mais on peut dire que c’est un roi au règne
éphémère. Le cambodgien qui s’approche d’un stand
ou qui pénètre chez un commerçant ne dit jamais
bonjour. Il se contente de demander ce qu’il cherche. Le dialogue se
limite et se concentre seulement sur l’article et son prix. Si au cours
de la discussion, l’acheteur réalise qu’il peut trouver ce qu’il
cherche un peu plus loin, ou s’il trouve le prix trop élevé,
il s’éloigne sans rien ajouter et surtout sans dire merci ni
au revoir.Dire au revoir à un commerçant, ne peut venir
que d’un étranger, de quelqu’un qui n’a
pas l’habitude des usages. Après qu'on m'eut expliqué
cette règle, je l’ai appliquée
et j’ai observé les cambodgiens dans les commerces, comme
Mr Sem ou Vandy. Il
est vrai que même les plus corrects des cambodgiens que je connaisse
se comportent ainsi; ce n’est pas une affaire de politesse ou d' éducation,
mais plutôt de tradition, c'est une rêgle de comportement.
Les rêgles de la politesse existent mais se trouvent ailleurs.
Retournons
dans le marché. On peut facilement s’y perdre, mais il suffit
de continuer tout droit pour en sortir, et y flâner peut devenir
une occupation enrichissante. La seule condition est de ne pas être
trop sensible aux odeurs. Que de découvertes! Les objets usuels
de l’Asie sont là mélangés à d’autres. En
cherchant un peu, on trouve un vendeurd’autels rouge et or, de toutes
tailles, prêts à être installés dans la maison
pour y honorer les ancêtres disparus. juste à côté,tous
les plats, ustensiles de cuisine et accessoires indispensables et que
Vandy ma cuisinière s’était empressée
d’acquérir, au début de mon sejour pour réaliser
les plats les plus étonnants que l’on puisse seulement imaginer:
Soupe de chauve souris, sauces à base d’araignées frites
et pulvérisées, soupe de serpent, ou sauté aux
petits légumes et bien d’autres encore, dont on ignore les composants
et qui trôneront bientôt sur la table sans vraiment s’annoncer
clairement en passant la porte. Mais relativisons! tout n'est pas aussi
"exotique" dans la cuisine cambodgienne et il existe quantité
de plats délicieux et dont les composants seront au goût
de nos palais occidentaux. Tout d’abord, base de toute opération
culinaire et de toute cuisson, le vok. C’est un récipient métallique
circulaire qui aurait un peu la forme d’une passoire, sans pieds et
sans trous. On pose le vok sur le gaz, sur le feu, on y verse un peu
d’huile et tout démarre. Tout va y cuire sauf le riz. La viande,
le poisson, les légumes sont préparés sur le coté
et lorsque tout est découpé, on verse dans le vok. Une
cuisson après l’autre on le nettoie a peine, on recommence. Sans
vok, pas de cuisine. Lorsque c’est cuit, on ramasse le tout avec un
écumoire, et on le dispose dans un plat qui fini sur la table.
Le vok peut aussi faire de la vapeur: il suffit de mettre les aliments
dans un récipient plus petit, avec un couvercle que l'on pose
dans le vok dans un peu d'eau. Un grand couvercle sur le tout et il
suffit de chauffer. Viendra ensuite un pilon en bois avec son récipient
en pierre pour broyer des plantes et en faire les parfums ou ingrédients
des sauces, un disque de bois de bonne épaisseur pour y trancher
la viande, le poisson, les légumes, avec un couperet et un couteau
à large lame, des bols, petits ou plus grands, des plats allongés,
des cuillères a riz.
Mais
revenons dans les marchés ! D’autres endroits passionnants sont
là, tout autour qui nous attendent. A nous de nous enfoncer dans
les dédales des allées et d'y découvrir d 'autres
trésors cachés!
Il
y a donc dans la ville de nombreux marchés et chacun a sa raison
d’être. Nous allons en découvrir quelques uns, en faire
le tour,je vais essayer de vous conduire, de vous y guider pas à
pas, vous y entraîner pour y découvrir ensemble un monde
vivant, fermé et ouvert à la fois.
Le
marché Olympique
C’est
un grand bâtiment rectangulaire situé bien évidement
à deux pas du stade Olympique, sur trois niveaux, mais deux seulement, le
rez de chaussé et le premier étage ont conservés
une activité. Le dernier étage m’a paru abandonné.
C’est un des rares marchés qui pourrait donner un aspect plus
engageant car tout est cimenté, le sol est dur, et il suffirait
d'un nettoyage quotidien pour le voir atteindre un niveau de propreté
acceptable. Le rez de chaussé est composé de boxes de
vente séparés par des allées Tout est à
l'équerre; on y trouve des produits alimentaires en conserve,
des produits séchés comme du poisson, des fruits et des
légumes, des produits d’entretien, des produits de beauté
dont on peut parfois douter un peu de la qualité. Par endroits,
s’exhalant des étalages, on retrouve les odeurs si caractéristiques
des marchés cambodgiens qui tiennent plus aux produits et aux
aliments qu’au manque d’entretien. Un peu plus loin, on passe entre
des vêtements, des chaussures. On trouvera aussi les serviettes
de bain, du linge. Si on emprunte l’escalier qui monte le long de l'
escalator rouillé, visiblement depuis bien longtemps à
l’arrêt, car rempli de détritus, de caisses, de cartons,
on arrive au niveau supérieur où on retrouve les vendeuses
encore groupées par activités. Vêtements, chaussures,
sur les pourtours, le centre étant plutôt réservé
à des stands de bijoux et de montres.
On
trouvera ici des chemisiers et des robes brodés, des coupons
de soie, des sarong, vêtements traditionnel féminin, sorte
de grand sac, jupe longue et ample serrée à la taille
par un élastique ce qui permet une utilisation sur deux niveaux.
Soit à la taille et la jupe arrive au sol, et dans ce cas, la
porteuse doit régulièrement en rassembler les pans dans
une main pour la remonter au dessus des chevilles et assurer ainsi le
passage des flaques, soit remontée au dessus de la poitrine et
le bas arrive alors au genoux. C’est un vêtement à tout
faire, pour sortir, pour rester à la maison, pour prendre sa
douche dans la cour, dans la rue, avec le "ka-baoïe,"
qui sert à puiser l’eau dans une grosse urne en terre ou en ciment.
Ou tout simplement au bord du fleuve. Ici, on se lave habillé,
en changeant simplement habilement de sarong à la fin de l’opération.
On enfile le propre et sec par le haut, on retire le sale et mouillé
par le bas et il atterrit dans une bassine.
Les
marchés sont un paradoxe. On y commerce mais on y mange, on y
dort, on y vit. Certaines vendeuses doivent y passer tout leur temps
car tout s’organise autour du stand de vente ; le hamac y est suspendu
pour la sieste où pour attendre le client et si il y a un bébé,
il y passe la journée, balancé par une ficelle ou un krama
noué sur le bord, qui va entretenir un mouvement lent et régulier.
Comme
le marché est ouvert tous les jours, du matin sept heure jusqu’à
dix sept heure le soir, on prend ses repas sur place,dans le stand de
vente et la livraison du riz et d’autres aliments est organisée
par une foule de coursiers ,dans des petits sacs en plastique transparents.
D’autres voient leur repas arriver dans des assiettes ou des bols, posés
sur un plateau. Tous les marchés proposent un endroit amménagé,où
on peut acheter ou consommer un vrai repas cambodgien, avec du riz et
de la soupe. Soupe de poulet, soupe de poisson soupe de crabe soupe
de légumes. La soupe cambodgienne est différente de ce
nous connaissons; si elle n'est pas servie dans des bols individuels,
comme pour la soupe de crabe, on vous l'apporte dans une récipient
en aluminium circulaire ou souvent dans une sorte de couronne qu’on
pourrait comparer à un moule à baba,mais fixée
à un réchaud à alcool qui continue la cuisson sur
la table. Cette soupe là, n’a de soupe que le nom, sans doute
emprunté au français, puisque les cambodgiens utilisent
le mot "soup". Dans le récipient, on trouve dans l’eau
de cuisson toutes sortes d’ingrédients comme des morceaux de
poulet, des légumes, du poisson, du crabe, des herbes, etc..
Le tout est servi brûlant, bouillant dans la couronne et passablement
relevé. Le riz est toujours là, à la demande pour
calmer adoucir et accompagner. Les soupes sont variées à
l’infini et on pourrait en inventer. La soupe est un élément
indissociable des repas cambodgiens, lors des "Niam-ka", repas
de mariage, elle arrive en seconde position dans les plats proposés.
Retournons
au marché Olympique. Il est aussi un des rares qui ne s’étale
pas à l’extérieur du bâtiment ou en fait, pas trop,
juste un peu sur les marches et les esplanades des entrées. Tout
autour du bâtiment , dans un souci d’organisation et de rigueur,
la circulation est prévue en sens unique, et on circule dans
le sens inverse des aiguilles d’une montre. Par contre comme il n’y
a qu’un sens de circulation, pas besoin de deux files et on stationne
donc dans toutes les positions possibles. Le long, en travers, à
l’envers.
La
circulation de la file unique en est du coup totalement réduite
voire perturbée ou bloquée, puisque ceux qui se garent
ou qui reprennent la file repartent souvent à contresens, et
bloquent le flux des voitures tout autour du bâtiment.On avance
donc toujours au pas autour du marché Olympique, d’autant que
les cyclo-pouss ou motodobs ne se sentent pas trop concernés
par les règles établies et remontent le flux en se tortillant
ou à grand renfort de coups de klaxon. Pas de cris, pas d'insultes
pas d'énervement ou d'agressivité; tout au plus, un sourire
gêné pour garder la face, lorsque ça passe un peu
trop près ou que ça frotte!
Psa
Tuol Tompong (le marché russe)
C’est
le marché des touristes. Il doit son nom de marché russe
à ses concepteurs. Avec le marché central il fait parti
des lieux incontournables lors de la visite de Phnom Penh. On y trouve
des vêtements, des kramas, de la soie, des CD copiés, des
montres, des bijoux, des objets souvenirs en bois, statues, animaux
mais aussi en pierre, en bronze, en argent. Tout ceci est sur le côté
est du marché, mais si on pénètre un peu plus avant
dans les allées, on y trouve un bric à brac de pièces
détachées, d'occasion ,bien sur, pour motos, voitures
ou cyclopouss. Chaînes, garde-boue, roues, rayons, pédaliers
dynamos, alternateurs. Tout ça est mélangé a des
monceaux d’outils, de clés, de marteaux, barres à mines
caisses à outils, mètres à ruban.
Dans
le centre, des bancs le long de tables où on peut avaler une
soupe, du riz, déguster du poisson grillé, des brochettes,
du maïs grillé, des fruits, si variés au fil des
saisons. Une allée plus loin, jouxtant les ventes de vêtements
et les coupons bigarrés, s’ alignent des machines à coudre.
On peut acheter son tissu ici, et aller faire coudre le vêtement
dans l’allée suivante. Un secteur est réservé aux
antiquaires qui proposent une foule d’objets tous plus "originaux" les
uns que les autres: cannes en bois vernies et peintes, pipes à
opium, livres, sur feuilles de roseau, petits meubles, plateaux en bois
incrusté d'ivoire, meubles sculptés, objets d' argent
ciselés, et d’autres encore innombrables, dont pour certains,
cela deviendra pour moi un jeu, d'en deviner l’usage.
Ici,
le plaisir est dans la découverte, le nouveau. Sans cesse, on
y trouve, on y invente des choses inconnus, on passe et repasse dans
les allées pour voir ce qu’on avait pas vu la fois d’ avant.
Tout est tellement entassé, mélangé, recouvert
dissimulé, que l’exploration est infinie. On en fait le tour,
on reconnaît une allée, on la coupe, on tourne, on repart,
on revient, on sort, on rentre, on traîne, on ignore encore et
toujours les appels des vendeuses manquant d’entrain ou au contraire
persuasives, On avance, les yeux sans cesse ouverts et fixés
sur ce monde étrange de mélange d’accessoires indispensables
mais dont notre civilisation occidentale ignorait jusqu' a ce jour l
'existence.
Psa
O rrusey
Au
moment de mon séjour, le marché O rrusey était
en cours de réhabilitation, et je n’y suis venu que deux ou trois
fois puisqu’il devint par la suite inaccessible. C’est là que
les paysans viennent chercher leurs semences, dans de longs alignements
de sacs en toile blanche, remplis au raz du bord, roulé en bourrelet
pour leur donner du maintien. Les graines, fines, plus grosses, attendent
dans une variation de couleurs sombres et ternes, quelquefois brillantes.
On y cherche aussi de la corde, des hamacs, des filets, du fil de nylon,
des outils, mais plutôt tournés vers le monde agricoles.
De petites boites métalliques scellées renferment aussi
des semences de choux, de salades, de raves, de tomates, et d’autres
légumes locaux. Elles sont empilées sur des étagères
et laissent voir leurs étiquettes pour mieux nous convaincre
de l’intérêt de les emporter vers les campagnes.Comme tous
les marchés, Orrusey est un dédale de petites allées
étroites, de stands couverts de tôles qui se rejoignent
ou se chevauchent avec, en cas de manque, des plastiques tendus par
des ficelles pour tenter une protection relative pendant la saison des
pluies. Tout ça est fait pour les cambodgiens et ma tête
frotte souvent sous les bâches en plastique sales. Si vous flânez
à regarder les étals et laissez croire que vous pourriez
être intéressé par ce qui est répandu là,
à vos pieds, alors les vendeuses vous interpellent et tentent
de vous convaincre avec quelques mots d’anglais ou de français.
Par contre, si vous avancez en donnant l’impression que vous ne faites
que traverser le secteur, sans y être venu chercher quelque produit
local, les commerçants seront indifférents et ne tourneront
pas même la tête à votre passage.
Psa
Tia
Ce
marché là est un peu particulier car on y trouve en plus
des secteurs traditionnels de vente de viande, de poisson , d’oeufs,
de légumes, une quantité de petits boxes qui servent de
salon de coiffure, et les moins fortunées de Phnom Penh y viennent
se faire coiffer, manucurer, "pédicurer". Pour aller
aux mariages, les femmes ou les jeunes filles se font faire une
belle coiffure montée en chignon avec des fleurs, des anglaises,
des rubans. On y fait les ongles, des mains, des pieds,lentement, patiemment,
on en colle des faux, vernis en rouge pour quelques riels et pour la
durée d’une soirée.
Un
peu plus loin des bijoutiers y fondent les métaux, reprennent
les bijoux les remodèlent, les refaçonnent, les recréent.
Un petit creuset, un chalumeau deux ou trois petits bacs avec de l’acide
ou de l’eau, le vieux est là qui fond, qui recouvre, qui fait
des placages par hydrolyse, qui martèle, qui écrase, qui
crée. Il travaille là, devant nos yeux. Le client ou plus
souvent la cliente attend. Ici, on revend facilement ses bijoux pour
se faire un peu d’argent mais on en rachète aussi facilement
pour le plaisir de changer. Il n' y a pas comme chez nous, l'attachement
à l'objet d'autant que sa revente peut procurer un pécule
ou assurer les repas de la famille. Dans des vitrines, des bagues avec
de gros cailloux verts, rouges, d’autres pierres plus petites plus fines
plus discrètes, des colliers, des pendants d’oreilles, le choix
est vaste mais le goût est tout Cambodgien. C’est voyant, clinquant,
brillant, c'est kitch!
Psa
Depot
Kniom
tcha-n ta-au psa Depot" "Kniom cha an teng phnom ploeun mouy,
try bang ke tchaït mouy"
Je
voudrais aller au marché " Depot ", je voudrais
acheter un réchaud de table pour la viande et un pour le poisson"
La
transcription n’est pas parfaite, le réchaud à viande
étant un objet tout a fait spécial, en deux parties. La
partie basse est un réceptacle pour charbon de bois incandescent,
avec une grille en fonte. L’ensemble est circulaire d’un diamètre
approximatif de vingt centimètres. On vient le coiffer d’un dôme
percé de trous, avec tout autour une couronne comportant un rebord
de quelques centimètres. Sur le dôme, que l'on aura laissé
chauffer et préalablement graissé en y passant un morceau
de saindoux planté dans une fourchette, on fait griller des lambeaux
de viande. On peut mettre un peu de beurre dans la couronne et y laisser
cuire aussi quelques morceaux. L'engin est en mauvais alu, et noirci
passablement à la première utilisation.
Pour
le poisson on utilise un objet semblable dans son fonctionnement à
ceci près que la partie haute est remplacée par un récipient
métallique, creux, en forme de poisson.
Le
marché Depot tire peut être son nom du français,
comme "contre-plaqué" ou "appareil" (
photo). Il s’agit d’un grand bâtiment sur Jawaharlal Nehru. L’intérieur
est plutôt bien organisé , en petits compartiments où
on retrouve comme partout, les vendeuses désabusées ou
empressées, qui vous proposent ici des vêtements des produits
de beauté, des couvre lits, aux couleurs vives cela s’impose,
de la vaisselle, de la quincaillerie, des couteaux, tous les accessoires
de cuisine utiles.
A
l’entrée, une allée sur la droite déborde de paniers
en osier tressé, remplis d’oeufs, de corbeilles proposant de
l’ail des oignons, des épices, des grandes feuilles vertes bien
rangées les une sur les autres, des cuvettes pleines de pâte
de piment. Encore des bourriches remplies d’oeufs, mais ceux-ci sont
noirs, recouverts de cendre.
Un
peu plus loin, dans les allées, des poissons séchés,
se balancent entre deux stands, enfilés sur des bambous, ou passés
dans un fil. Sur de petites tables basses, presque au raz du sol, des
bananes, des ramboutans, des lemots, des longanes, des pommes cannelle.
Les vendeuses en sarong sont vautrées parmi leurs marchandises;
repoussant les bananes, elles se font une place au milieu des fruits
sur les tables basses.
A
force de tourner, je trouve un stand où s’entassent de la vaisselle,
des pilons en bois avec leurs creusets en pierre, des plateaux en métal
zinc, aluminium, alliages de piètre qualité. Tout est
empilé, entassé, mélangé, il faut fouiller
pour le plaisir et pour trouver ce qu’on veut. Pour ceux d'ici, pas
de problème , ils peuvent toujours expliquer et demander ce qu’ils
cherchent mais pour moi c’est beaucoup plus difficile, car mon niveau
dans la pratique du khmer ne me permet pas de donner des explications
sur la forme, la taille, et même l’usage de ce que je cherche.
Une des vendeuses finit par comprendre à force de gestes et d'explications
et me désigne sa collègue quelques mètres plus
loin.En effet je reconnais là, dans une pile, ce qu 'il faut
pour faire griller mes bouts de viande.
Passer ensuite, par les explications, de la viande au poisson sera facile
puisqu'il suffit d' un mot. La vendeuse comme toujours, est prête
à tout remuer, renverser son stand pour vendre une cuillère
à riz; elle comprend vite ce que je veux et me sort de sous une
autre pile le second réchaud pour le poisson. Il me faut aussi
un grand plateau circulaire pour poser l’un ou l’autre des réchauds
et j’aurais mon ensemble complet. Il me reste à discuter le prix.
Traîner
et acheter dans les marchés est devenu pour moi une distraction,
un divertissement. La découverte permanente, le plaisir du dépaysement
n’est freiné que par la barrière de la langue, les cambodgiens
étant d’un naturel ouvert et parlant facilement alors qu’ils
ne se connaissent pas. Je flâne donc, un peu comme un touriste
avec ceci en plus que j’ai délaissé les secteurs prisés
par des voyageurs de passage pour aller plus dans les marchés
des cambodgiens, ces marchés ou les mendiants sont absents, là
où on vient faire ses courses comme on va les faire chez nous.
Les marchés remplacent les grandes surfaces, puisqu’on y trouve
tout ce qu’on cherche.
D'autres
marchés existent à Phnom Penh, comme Psa Chas, Psa Daum
Kor, Psa Chba Ampao, Psa Samaki, Tous se ressemblent tout en ayant chacun
sa particularité dans les produits que l'on y trouve, mais l'ambiance
reste la même et les commerçants qui y vivent sont disponibles
et serviables . Ils sont souvent prets à aller a l'autre bout
du marché pour y trouver ce que vous recherchez. Mais ne vous
y trompez pas il y a toujours une commission pour celui qui sert d'
intermédiaire.